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tel homme. Gallican se rendit donc à Alexandrie, où les infidèles lui transpercèrent le cœur, lui donnant ainsi la couronne du martyre.

Quant à Julien, il colorait du témoignage de l’Évangile l’avidité sacrilège dont il était possédé. Il dépouillait les chrétiens et leur disait : « C’est votre Christ lui-même qui dit, dans son Évangile, que celui-là ne saurait être son disciple qui ne renonce pas à tout ce qu’il a ! » Aussi, quand il apprit que Jean et Paul, avec l’argent que leur avait laissé la pieuse Constance, subvenaient aux besoins des chrétiens pauvres, il les lit venir tous deux et leur dit qu’ils devaient le servir de la même façon qu’ils avaient servi Constantin. À quoi ils répondirent : « Nous servions le glorieux empereur Constantin parce que lui-même se proclamait le serviteur du Christ ; mais toi, comme tu as abandonné la sainte religion, nous nous sommes retirés de toi, et nous dédaignons de t’obéir ! » Et Julien leur dit : « Sachez que j’ai été clerc dans votre Église, et que, si j’avais voulu, je m’y serais élevé aux premières dignités : mais, considérant que c’était chose vaine de pratiquer la paresse, je me suis livré à l’art de la guerre ; et ayant sacrifié aux dieux, j’ai été par eux élevé à l’empire. Quant à vous, nourris à la cour, vous avez le devoir de rester près de moi, où vous serez au premier rang de mes serviteurs. Mais que si vraiment vous me méprisez, je serai forcé d’agir, pour vous en empêcher ! » Et les deux saints répondirent : « Nous mettons Dieu au-dessus de toi ; et nous ne craignons pas tes menaces, mais seulement d’encourir l’inimitié de Dieu tout-puissant. » Et Julien : « Si, dans dix jours, vous ne venez pas de votre plein gré près de moi, vous ferez, contraints, ce que vous aurez refusé de faire volontairement ! » Et eux : « Imagine que les dix jours sont déjà passés, et accomplis dès aujourd’hui ce dont tu nous menaces ! » Et Julien : « Vous croyez que les chrétiens vont faire de vous des martyrs ? Sachez donc que, si vous ne m’obéissez, ce n’est pas en martyrs que je vous punirai, mais en ennemis publics ! »

Alors Jean et Paul, pendant dix jours, redoublant leurs