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sainte marine

LXXXV


SAINTS GERVAIS ET PROTAIS, MARTYRS
(19 juin)


I. Gervais et Protais, frères jumeaux, étaient fils de saint Vital et de sainte Valérie. Ayant donné tous leurs biens aux pauvres, ils vivaient avec saint Nazaire, qui se construisait un oratoire près d’Embrun, et à qui un enfant nommé Celse[1] apportait des pierres. Puis, lorsque les trois saints furent conduits vers l’empereur Néron, le petit Celse les suivait en se lamentant : et comme un des soldats lui avait donné un soufflet, Nazaire le gronda de sa cruauté : sur quoi, les soldats furieux, l’accablèrent de coups de pied, l’enfermèrent dans un cachot, et finirent par le jeter à l’eau. Gervais et Protais furent conduits à Milan, où ils furent bientôt rejoints par Nazaire, miraculeusement sauvé.

Or, dans le même temps, vint à Milan le comte Astase, qui partait en guerre contre les Marcomans ; et les païens accoururent à lui, lui déclarant que leurs dieux se refusaient à les protéger aussi longtemps que Gervais et Protais n’auraient pas été immolés. Les deux chrétiens furent donc sommés de sacrifier aux idoles. Et comme Gervais disait que toutes les idoles étaient sourdes et muettes, et que seul son Dieu pouvait donner la victoire, Astase, furieux, le fit frapper à mort de lanières plombées. Puis il fit venir Protais et lui dit : « Malheureux, évite de périr misérablement comme ton frère ! » Et Protais : « Qui de nous deux est malheureux, moi, qui ne te crains pas, ou toi qui me crains ? » Et Astase : « Eh ! misérable, comment peux-tu dire que je te craigne ? » Et Protais : « Tu crains que je ne te nuise, si je refuse de sacrifier à tes dieux : car si tu ne

  1. 1. Jacques de Voragine ajoute que cet enfant ne pouvait pas, vu les dates, être saint Celse, qui ne se joignit à saint Nazaire que beaucoup plus tard.