Page:Voragine - Légende dorée.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXVIII
INTRODUCTION

tête de ses chapitres. Bollandus et d’autres écrivains autorisés ont soutenu que ces étymologies n’étaient point de Jacques de Voragine ; mais je crains bien, hélas ! qu’elles ne soient de lui, et ce n’est point ce scrupule-là qui m’a empêché de les publier. Je les ai retranchées, simplement, parce qu’elles auraient prêté à rire, sans profit pour personne. Le saint évêque de Gênes, de même que tous les savants de son temps, ignorait le grec. Et nous aussi, en vérité, nous l’ignorons, mais nous en savons assez pour être sûrs que le nom d’Agathe, par exemple, ne vient point « d’Aga, parlant, et de thau, perfection ». Quand Jacques de Voragine nous affirme que le nom d’Antoine vient « d’ana, en haut, et de tenens, tenant », nous éprouvons malgré nous une tentation de sourire qui risque de nous faire mal apprécier, ensuite, la touchante beauté de la vie du saint. L’art d’un temps, pour peu que l’artiste y ait mis de son cœur, a de quoi nous plaire éternellement : mais la science d’un temps ne vaut que pour son temps.

Et, à part ces suppressions et ces abréviations, dont le total ne dépasse pas une trentaine de pages, j’ai essayé de traduire aussi fidèlement que possible le texte original de la Légende Dorée. Puisse l’œuvre du vénérable Jacques de Varage retrouver parmi nous, sous cette forme nouvelle, un peu de sa bienfaisante action d’autrefois !

T. W.