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plombées, et jeté dans le Tibre, d’où le clerc Juste retira ses restes pour les ensevelir honorablement.




LXXVII


SAINT PIERRE L’EXORCISTE, MARTYR
(2 juin)


Pierre l’exorciste avait été mis en prison par un préfet qui persécutait les chrétiens. Or la fille du geôlier de la prison, nommé Archémius, était possédée d’un démon qui la faisait beaucoup souffrir. Et un jour que son père s’en plaignait devant son prisonnier, celui-ci lui dit que, s’il voulait croire au Christ, sa fille recouvrerait aussitôt la santé. Archémius lui répondit : « Je me demande comment ton maître pourrait guérir ma fille, tandis qu’il n’a pas même le pouvoir de te délivrer, toi qui souffres tant pour lui ! » Et Pierre : « Mon Dieu a bien le pouvoir de me délivrer, mais il veut que, par des souffrances passagères, nous parvenions à une gloire éternelle. » Et Archémius : « Hé bien, je vais te mettre une double chaîne : et si ton Dieu te délivre, et s’il guérit ma fille, je croirai au Christ ! » Or, cette même nuit, Pierre, délivré de sa double chaîne, tout vêtu de blanc, et tenant en main une croix, apparut devant Archémius, qui se prosterna à ses pieds. Puis, trouvant sa fille guérie, le geôlier reçut le baptême avec toute sa maison ; et plusieurs des prisonniers, s’étant convertis, furent baptisés par le prêtre Marcellin. Ce qu’apprenant, le préfet se fit amener tous ces prisonniers. Et Archémius, tout en les convoquant et en leur baisant les mains, leur dit que ceux qui redouteraient d’aller au martyre pouvaient s’enfuir impunément.

Cependant le préfet, apprenant que Marcellin et Pierre avaient baptisé leurs compagnons, les fit mettre tous deux dans des cachots séparés. Marcellin, dépouillé de ses vêtements, dut s’étendre sur du verre brisé, avec