Page:Voragine - Légende dorée.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’approche du tombeau de saint Pancrace, ou bien il tombe aussitôt mort sur les dalles, ou bien un démon s’empare de lui et le fait délirer. Deux hommes étaient en procès, et le juge ne parvenait pas à découvrir le coupable. Dans son zèle de justice, ce juge conduisit les deux hommes à l’autel de saint Pierre et leur fit jurer à tous deux qu’ils étaient innocents, priant l’apôtre de lui faire reconnaître la vérité par quelque signe miraculeux. Et comme tous deux, ayant juré, ne souffraient aucun mal, le juge, indigné, s’écria : « Le vieux saint Pierre est décidément trop indulgent ! Allons plutôt consulter le jeune saint Pancrace ! » Et comme, sur le tombeau du saint, le vrai coupable allait recommencer à se parjurer, il ne parvint pas à lever la main, et tomba mort dès l’instant d’après. De là vient que, aujourd’hui encore, dans les cas difficiles, on a coutume de faire jurer les accusés sur les reliques de saint Pancrace.




LXXII


SAINT BONIFACE, MARTYR
(14 mai)


Passion de saint Boniface, qui souffrit le martyre dans la ville de Tarse, sous le règne de Dioclétien, et fut enseveli à Rome, sur la Voie Latine.

Boniface était, à Rome, l’intendant d’une dame noble nommée Aglaé, et entretenait avec elle des rapports coupables. Un jour enfin, sa maîtresse et lui, comme avertis par un signe divin, décidèrent que Boniface irait chercher les corps des martyrs, avec l’espoir que son culte pour eux leur vaudrait, à tous deux, d’obtenir leur salut. Boniface se mit donc en route ; et lorsqu’il arriva dans la ville de Tarse, il dit à ses compagnons : « Amis, occupez-vous de nous trouver un logement ! J’ai hâte, moi, d’aller voir ceux pour qui je suis venu. » Après quoi,