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XXV
INTRODUCTION

de quoi reprendre courage, en songeant que, là-haut, de tels amis s’emploient à plaider pour lui !

Peut-être même est-ce cet esprit d’indulgence et de compassion infinies qui, plus encore que le dragon de saint Georges, a valu à la Légende Dorée la mauvaise humeur de certains écrivains religieux du xviie siècle. Sous l’influence du protestantisme et du jansénisme, nombre d’excellents catholiques, alors, estimaient imprudent de trop prêcher au peuple la bonté de Dieu. Les peintres, ayant à peindre Jésus sur la croix, le représentaient avec les bras levés au ciel, et non plus avec les bras étendus pour bénir la terre. Les philosophes insistaient sur la différence essentielle de la bonté divine et de l’humaine. Et tous, d’une façon générale, ils s’efforçaient plutôt d’effrayer les hommes que de les rassurer. Peut-être, dans ces conditions, la Légende Dorée leur aura-t-elle paru trop consolante, je veux dire faite pour nous donner une notion trop inexacte de l’éternelle justice ? Mais aujourd’hui, de même que nos imaginations ont soif de légendes, nos cœurs ont soif de pitié et de consolation. Nous avons besoin que Jésus vienne à nous avec les bras grands ouverts, que, dans nos peines, il nous dise, comme à l’apôtre dans sa prison d’Antioche : « Mon ami, as-tu cru vraiment que je t’oubliais ? » Nous avons besoin que, comme au brigand qui récitait tous les jours son Ave Maria, il daigne nous promettre le pardon de toutes nos fautes, en échange du peu de foi que nous pouvons lui offrir.

« Si tu dois tenir compte de nos iniquités, Sei-