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Christ. Mais jusqu’à quel point sont vraies les diverses légendes que nous venons de rapporter, c’est ce dont le lecteur jugera par lui-même : car le fait est qu’on ne les trouve mentionnées dans aucune chronique ni histoire authentique.

Après la passion du Christ, le bois précieux de la croix resta caché sous terre pendant plus de deux cents ans ; il fut enfin retrouvé par Hélène, mère de l’empereur Constantin, dans les circonstances que nous allons raconter.

En ce temps-là, une multitude innombrable de barbares se rassembla sur la rive du Danube, s’apprêtant à traverser le fleuve afin de soumettre à leur domination l’Occident tout entier. À cette nouvelle, l’empereur Constantin se mit en marche avec son armée et vint camper sur l’autre rive du Danube ; mais, comme le nombre des barbares augmentait toujours, et que déjà ils commençaient à traverser le fleuve, Constantin fut saisi de frayeur à la pensée de la bataille qu’il aurait à livrer. Or la nuit, un ange le réveilla et lui dit de lever la tête ; et Constantin aperçut au ciel l’image d’une croix faite d’une lumière éclatante ; et au-dessus de l’image était écrit, en lettres d’or : « Ce signe te donnera la victoire ! » Alors, réconforté par la vision céleste, il fit faire une croix de bois, et la fit porter en avant de son armée : puis, fondant sur l’ennemi, il l’extermina ou le mit en fuite. Après quoi il convoqua les prêtres des divers temples, et leur demanda de quel dieu cette croix était le signe. Les prêtres ne savaient que répondre, lorsque survinrent des chrétiens, qui expliquèrent à l’empereur le mystère de la Sainte Croix et le dogme de la Trinité. Et Constantin, les ayant entendus, crut au Christ : il reçut le baptême des mains du pape Eusèbe, ou, suivant d’autres auteurs, de celles d’Eusèbe, évêque de Césarée.

Mais, ici encore, nous avons affaire à une légende qui se trouve contredite par l’Histoire tripartite, par l’Histoire ecclésiastique, par la vie de saint Sylvestre et par la chronique des papes. Aussi une autre tradition