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XXIV
INTRODUCTION

a voulu qu’elle fût : un livre à l’adresse du peuple, offrant à tout homme la leçon et l’exemple qui peuvent lui convenir. Mais leçons et exemples, malgré leur diversité, y ont toujours en commun d’être directement inspirés de la parole du Christ. Et la religion qu’on y trouve exprimée est toute d’indulgence et de consolation. C’est la religion telle que la concevait saint François d’Assise, telle qu’allait la traduire, deux siècles après, le bienheureux Fra Angelico, dans ces miniatures et ces fresques dont, seul, un chrétien peut apprécier la surnaturelle vérité chrétienne. Qu’on voie avec quelle ardente sympathie Jacques de Voragine nous raconte les actes charitables des saints, comme il s’échauffe lorsqu’il nous parle de saint Basile, de saint Jean l’Aumônier, ou de saint Martin ! Peu s’en faut qu’il ne les préfère aux martyrs eux-mêmes, tant il découvre en eux des disciples fidèles de son divin maître. Et ses martyrs, combien ils sont joyeux et doux, combien ils ont de tendre pitié pour leurs persécuteurs ! Le préfet qui torturait saint Longin est, tout à coup, devenu aveugle et supplie le saint de lui rendre la vue : « Sache, mon pauvre ami, lui répond le saint, que tu ne pourras être guéri qu’après m’avoir tué. Mais, aussitôt que je serai mort, je prierai pour toi ; et Dieu m’accordera bien la guérison de ton corps et de ton âme ! » Et saint Christophe, de son côté, dit au roi de Samos : « Quand tu m’auras fait trancher la tête, applique un peu de mon sang sur tes yeux, et tu recouvreras la vue ! » Voilà vraiment de beaux saints ; et il n’y a point de pécheur qui n’ait