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des plus fameux, parmi les prédicateurs de l’hérésie, entrèrent dans l’ordre des Prêcheurs, ordre qui, aujourd’hui encore, continue à lutter énergiquement contre l’hérésie. Ainsi notre Samson, en mourant, tua plus de Philistins qu’il n’en aurait tués s’il fût resté en vie[1].

V. Et, après sa mort, Dieu permit que son triomphe fût illustré par de nombreux miracles, dont quelques-uns nous sont rapportés par le pape Innocent. C’est ainsi que, plusieurs fois, les lampes suspendues au-dessus de son tombeau, s’allumèrent d’elles-mêmes. Un homme qui, étant à table, dépréciait la sainteté et les miracles de Pierre, sentit soudain le morceau qu’il mangeait s’arrêter dans sa gorge de manière qu’il ne pouvait ni l’avaler ni le rejeter. Déjà son visage avait changé de couleur, déjà il devinait l’approche de la mort, lorsque, se repentant, il fit vœu de ne plus jamais employer sa langue à mal parler du saint : et aussitôt il rejeta la bouchée qui l’étranglait, et se trouva délivré.

VI. Lorsque le pape Innocent IV inscrivit Pierre au nombre des saints, les Frères Prêcheurs, réunis en chapitre à Milan, voulurent déterrer le corps du saint pour le transporter sous un autel. Et, bien que plus d’une année se fût écoulée depuis le martyre, le corps fut trouvé intact comme s’il n’était enseveli que depuis la veille. Les frères retendirent sur une estrade, où le peuple fut admis à le voir et à l’honorer.

Certain jeune homme du nom de Guiffroy, de la ville de Côme, gardait un fragment de la tunique de saint Pierre. Un hérétique, pour se moquer de lui, lui conseilla de jeter au feu ce fragment, disant que, si les flammes l’épargnaient, la sainteté de Pierre serait par là prouvée, et que lui-même, dans ce cas, se convertirait. Guiffroy jeta donc le fragment du manteau de saint Pierre sur des charbons enflammés ; mais le fragment se tint d’abord en l’air au-dessus du feu, puis, retombant sur lui, l’éteignit du coup. Alors l’incrédule dit : « Un

  1. Le martyre de saint Pierre le Nouveau avait eu lieu en 1232, deux ou trois ans à peine avant le temps où Jacques de Voragine écrivait sa Légende.