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heure, ce nuage abrita la foule de la chaleur du soleil, à la manière d’un pavillon.

III. On conduisit un jour vers saint Pierre, à Milan, un homme nommé Asserbus, qui, depuis cinq ans, était paralysé au point de devoir être traîné dans un petit chariot. Saint Pierre fit sur lui le signe de la croix, et aussitôt le paralytique se releva guéri. Et le saint fit encore, de son vivant, bien d’autres miracles, dont quelques-uns nous sont rappelés par le pape Innocent dans l’épître déjà citée. Telle l’histoire d’un jeune homme noble qui avait dans la gorge une horrible tumeur, l’empêchant de parler comme de respirer : le saint fit sur lui le signe de la croix et le couvrit de son propre manteau, et aussitôt il le guérit. Et plus tard le même noble, souffrant de douleurs internes, et se voyant menacé de mort, se fît apporter ce manteau, qu’il avait conservé. À peine s’en fût-il couvert, qu’il vomit un ver à deux têtes et tout noir de poils ; et aussitôt il se sentit guéri. Une autre fois, saint Pierre rendit la parole à un jeune homme muet, en lui introduisant un doigt dans la bouche et en brisant le lien qui retenait sa langue.

IV. Or, comme la peste de l’hérésie sévissait en Lombardie, et que déjà plusieurs villes en étaient contaminées, le souverain pontife délégua dans les diverses parties de la province des inquisiteurs, tous appartenant à l’ordre des Frères Prêcheurs, et leur confia le soin de détruire cette peste diabolique. À Milan le nombre des hérétiques était particulièrement grand, et l’hérésie y possédait des partisans qui joignaient à leur influence politique une éloquence pleine de ruses et un savoir malfaisant. Aussi le souverain pontife, connaissant l’intrépide bravoure de Pierre, sa fermeté, et son éloquence, le choisit pour mener la lutte à Milan et dans le Milanais, lui concédant à cet effet autorité plénière. Et le saint, prenant à cœur sa mission, harcelait les hérétiques sans leur laisser de repos ; il confondait leurs arguments, les réfutait, leur opposait la vérité divine, de telle sorte que personne ne pouvait résister à sa sagesse et à l’Esprit qui parlait par lui. Ce que voyant, les hérétiques, cons-