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faisait mourir plus vite les crucifiés ; le fiel avait pour objet de faire souffrir Jésus dans son goût. Et Jésus subit la passion dans son toucher : car il n’y eut pas une partie de son corps depuis la plante des pieds jusqu’au haut de la tête, qui n’eût à souffrir de la cruauté des bourreaux.

Mais autant cette passion fut douloureuse pour le Christ, autant pour nous elle fut fructueuse. Et son utilité est triple, à savoir par la rémission des péchés, la collation de la grâce, et la démonstration de la gloire céleste.

La passion du Christ eut trois auteurs, qui tous furent justement punis de leurs crimes. C’est d’abord Judas, qui livra le Christ par avidité, puis les Juifs, qui le livrèrent par envie, enfin Pilate, qui le livra par lâcheté. Mais le récit du châtiment de Judas se trouve dans l’histoire de saint Mathias, celui du châtiment des Juifs, dans l’histoire de saint Jacques le Mineur. Quant au châtiment et à toute la vie de Pilate, le récit suivant nous en est donné par une histoire, qui est, en vérité, apocryphe.

Un roi nommé Tyrus, ayant séduit une jeune fille nommée Pyla, fille d’un meunier nommé Atus, eut d’elle un fils ; et Pyla donna à son fils un nom composé du sien propre et du nom de son père, à savoir Pylatus. Et lorsque Pilate eut trois ans, sa mère le transmit au roi, qui le donna pour compagnon de jeux à son fils légitime, à peu près du même âge. Mais le fils légitime, de même qu’il était plus noble de naissance que Pilate, était encore plus habile que lui à tous les exercices de son âge : de telle sorte que Pilate, miné par la jalousie jusqu’à ressentir une douleur dans le foie, tua son frère. Ce qu’apprenant, le roi convoqua son assemblée pour la consulter sur ce qu’il devait faire du meurtrier. Tous furent d’avis de le mettre à mort ; mais le roi, rentrant en lui-même, ne voulut point doubler un crime d’un autre crime, et envoya son fils à Rome, en otage du tribut annuel qu’il devait à l’empire.

Or se trouvait à Rome, en même temps, le fils du roi