Page:Voragine - Légende dorée.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes ! » Ce qu’entendant, Marie fut profondément troublée des paroles de l’ange et se demanda ce que signifiait cette salutation. Notons à ce propos qu’elle fut troublée des paroles de l’ange, non de sa vision : car souvent elle voyait des anges. Et l’ange, la réconfortant, lui dit : « Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce auprès du Seigneur. Voici que vous allez concevoir et mettre au monde un fils, qui s’appellera Jésus, c’est-à-dire le Sauveur, parce qu’il sauvera son peuple de ses péchés. » Et Marie dit à l’ange : « Comment sera-ce possible, puisque je ne connais aucun homme ? » Elle voulait dire par là : « Puisque je suis résolue à ne point connaître d’homme ! » Et l’ange, répondant, lui dit : « L’Esprit-Saint surviendra en vous, et vous fera concevoir. » Alors Marie, étendant les mains et levant les yeux au ciel, dit : « Me voici, la servante du Seigneur ! Que me soit fait suivant ta parole ! » Puis, se relevant, elle se rendit sur la montagne, auprès d’Élisabeth ; et comme elle la saluait, l’enfant saint Jean bondit de joie dans le ventre de sa mère.

II. Un soldat riche et noble avait renoncé au siècle et était entré dans l’Ordre de Cîteaux. Mais il était si illettré que les moines, rougissant de son ignorance, chargèrent un maître de lui donner des leçons. Or il eut beau recevoir des leçons ; il ne put rien apprendre que deux mots : Ave Maria, qu’il allait répétant toute la journée. Quand il mourut, et qu’on l’ensevelit avec les autres frères, voici que sur sa tombe poussa un lys magnifique, qui portait inscrit sur chacune de ses feuilles en lettres d’or : Ave Maria. Les frères, étonnés d’un si grand miracle, enlevèrent la terre du tombeau, et virent que le lys prenait sa racine dans la bouche du mort. Ainsi ils comprirent avec quelle dévotion il avait dit ces deux mots.

III. Un brigand s’était construit une forteresse au bord d’une route, et dépouillait sans miséricorde tous les passants ; mais il récitait tous les jours la Salutation Angélique, sans qu’aucun empêchement pût l’y faire manquer.