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pas venu ! » Et le saint : « Que dites-vous là, mes frères ? Ne me suis-je pas montré à vous et ne vous ai-je pas donné toutes mes instructions ? Allez, et faites ce que je vous ai prescrit dans votre rêve ! »

Non loin du monastère de saint Benoît vivaient deux religieuses de famille noble, qui avaient le malheur de ne pas savoir retenir leur langue, et qui, par leurs bavardages, fâchaient souvent leur confesseur. Celui-ci se plaignit d’elles à saint Benoît, qui leur fit dire : « Retenez votre langue, ou bien je vous excommunierai ! » Il n’avait fait cette menace que pour les corriger ; mais elles, sans se corriger, moururent toutes deux peu de temps après, et furent ensevelies dans la chapelle de leur couvent. Et là, à la messe, au moment où le diacre prononçait les paroles : « Que celui qui n’est pas admis à la communion s’en aille ! » la nourrice de ces deux femmes les vit, plusieurs fois de suite, se dresser dans leurs tombeaux et sortir de l’église. Et lorsque saint Benoît en fut informé, il dit : « Offrez de ma part cette offrande pour elles, et leur excommunication sera levée ! » Ainsi fut fait ; et, depuis lors, les deux femmes ne sortirent plus de leurs tombeaux.

Un moine, étant allé voir ses parents sans avoir reçu la bénédiction, mourut pendant qu’il était chez eux. On l’ensevelit ; mais, à deux reprises, la terre rejeta son cadavre. Alors les parents vinrent prier saint Benoît d’intervenir. Et le saint, prenant une hostie consacrée, leur dit : « Mettez ceci sur la poitrine de votre fils avant de l’ensevelir de nouveau ! » Les parents firent ainsi, et la terre ne rejeta plus le cadavre.

Un moine, qui s’ennuyait au monastère, importuna si fort saint Benoît de ses doléances, que le saint, irrité, lui permit de s’en aller. Mais le moine, à peine sorti du monastère, rencontra un dragon qui, la gueule ouverte, voulait le dévorer. Et il se mit à crier au secours. Les frères accoururent et ne virent point trace de dragon, mais ramenèrent dans sa cellule le moine, tout tremblant, qui promit bien de ne plus s’en aller.

Pendant une famine qui désolait la région, saint