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se leva point de sa lecture : il se borna à appeler des frères, et les chargea d’emmener Galla dans la chapelle, pour qu’il reçût la bénédiction. Et lorsque le Goth revint auprès de lui, il l’engagea à se relâcher de sa folle cruauté. Et Galla, avant de repartir, promit de ne jamais rien exiger du paysan, que le saint avait délivré par son seul regard.

Une grande famine désolait toute la Campanie ; et, dans le monastère de saint Benoît, les frères s’aperçurent un jour qu’ils ne possédaient plus que cinq pains. Mais saint Benoît, les voyant affligés, leur adressa une indulgente admonestation pour les corriger de leur pusillanimité ; après quoi, pour les consoler, il leur dit : « Comment pouvez-vous être en peine d’une chose aussi peu importante ? Aujourd’hui le pain manque, mais rien ne vous prouve que demain vous n’en aurez pas en abondance ! » Or, le lendemain, on trouva devant les portes de la cellule de saint Benoît deux cents muids de farine, sans qu’on puisse savoir, aujourd’hui encore, à quel messager Dieu a confié le soin de les apporter. À la vue de ce miracle, les frères, rendant grâces à Dieu, apprirent à ne plus désespérer parmi la disette.

On amena un jour à saint Benoît un enfant atteint du mal éléphantin, au point que ses cheveux tombaient et que toute la peau de son crâne enflait ; et à ce mal se joignait une faim que rien ne pouvait apaiser. Mais le saint le guérit aussitôt ; et, par la suite, cet enfant persévéra dans les bonnes œuvres jusqu’au jour où il s’endormit dans le Seigneur.

Envoyant deux frères en un certain lieu où il voulait faire construire un monastère, saint Benoît leur promit devenir les y rejoindre, à une date déterminée, pour leur donner ses instructions. Or, dans la nuit du jour où il leur avait promis de les rejoindre, les deux frères le virent en rêve, et entendirent qu’il leur donnait diverses instructions. Mais ils refusèrent d’attacher de l’importance à un rêve, et, après avoir vainement attendu saint Benoît, ils revinrent vers lui et lui dirent : « Père, nous t’avons attendu suivant ta promesse, et tu n’es