Page:Voragine - Légende dorée.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

effet, c’est là ce que décidèrent les Pères du concile et qui est en usage aujourd’hui encore.

XIX. Le diacre Jean, qui a compilé la vie de saint Grégoire, raconte ceci. Un jour, pendant qu’il était occupé à son travail, un inconnu se montra devant lui, portant les signes sacerdotaux, et vêtu d’un manteau blanc si transparent qu’on voyait, par-dessous, le noir de la tunique. Cet inconnu s’approcha du diacre et éclata de rire. Et comme Jean lui demandait ce qui pouvait faire rire de la sorte, un personnage aussi grave, il lui répondit : « C’est de te voir écrivant l’histoire de morts que tu n’as jamais connus de leur vivant ! » Et Jean lui dit : « Je n’ai pas connu personnellement saint Grégoire, c’est vrai, mais j’écris sur lui ce que l’on m’en a rapporté. » Et l’étranger : « Au reste, peu m’importe ce que tu fais ; mais moi, je ne cesserai pas de faire ce que je puis ! » Et, là-dessus, le voici qui éteint la lampe à la lumière de laquelle écrivait le diacre, et qui lui donne un coup si fort que le pauvre diacre s’imagine être tué. Alors se présente à lui saint Grégoire, ayant à sa droite saint Nicolas, à sa gauche le diacre Pierre ; et il lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et comme l’inconnu se cachait sous le lit, Grégoire prend des mains de Pierre une grande torche et brûle le visage de cet inconnu au point de le rendre noir comme un Éthiopien. Une étincelle tombe alors sur le manteau blanc et le consume ; et cet inconnu, qui : n’est autre que le diable, apparaît noir comme de la suie. Et le diacre Pierre dit à saint Grégoire : « En vérité nous l’avons bien noirci ! » Et Grégoire : « Ce n’est pas nous qui l’avons noirci, nous l’avons simplement fait paraître tel qu’il était ! » Sur quoi ils s’envolent, laissant dans la cellule de Jean une grande lumière.