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devant lui, et, de nouveau, lui ordonna d’adorer les dieux. Et Agathe : « Tes paroles ne sont que du vent ; comment veux-tu, insensé, que j’adore les pierres, et que je renie le Dieu du ciel qui m’a guérie ? » Et le consul : « Qui t’a guérie ? » Et Agathe : « Le Christ, fils de Dieu ! » Et Quintien : « Oses-tu citer de nouveau ce nom que je ne veux pas entendre ? » Et Agathe : « Tant que je vivrai, mon cœur et mes lèvres invoqueront le Christ ! » Et Quintien : « Nous allons bien voir si ton Christ te guérit une seconde fois ! » Il ordonna alors de répandre des tessons brisés, d’y mêler des charbons ardents, et de traîner la jeune fille, toute nue, sur ce lit mortel. Mais pendant qu’on procédait au supplice, un grand tremblement de terre survint, qui ébranla toute la ville, renversa le palais, et écrasa deux conseillers de Quintien. Et tout le peuple accourut vers le consul, lui reprochant d’avoir causé cette catastrophe par l’injuste punition infligée à Agathe. Alors Quintien, qui redoutait à la fois le tremblement de terre et la sédition du peuple, fit ramener Agathe dans sa prison, où elle se mit en prière et dit : « Seigneur Jésus, toi qui m’as créée et gardée depuis l’enfance, toi qui as préservé mon corps de souillure et mon esprit de l’amour du siècle, toi qui m’as permis de vaincre les souffrances, reçois maintenant mon âme dans ta miséricorde ! » Et, après avoir ainsi prié à très haute voix, elle expira. Cela se passait vers l’an du Seigneur 253, sous le règne de l’empereur Decius.

V. Les fidèles oignirent son corps d’aromates et le placèrent dans un sarcophage. Et voici qu’un jeune homme revêtu d’une tunique de soie, et accompagné de cent autres beaux jeunes gens en tuniques blanches, s’approcha du tombeau, y déposa une tablette de marbre, et disparut aussitôt avec ses compagnons. Et, sur la tablette était écrit ceci : « Âme sainte, spontanée, honneur à Dieu et délivrance de la patrie. » Ce qui signifie qu’Agathe eut une âme sainte, s’offrit spontanément au martyre, fit honneur à Dieu, et sauva sa patrie. Et le don miraculeux de cette tablette de marbre eut pour résultat que même les païens et les Juifs commencèrent à vénérer