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XIII
INTRODUCTION

chargé de compléter, de rectifier, ou de nuancer quelque récit précédent.


Non, la Légende Dorée n’est pas une simple rapsodie, ainsi que l’ont prétendu des critiques, et même des traducteurs, qui, croirait-on, ne se sont jamais sérieusement occupés de la lire ! Et pas davantage elle n’est une « compilation », au sens où nous entendons aujourd’hui ce mot. On trouve bien, dans les éditions de la fin du xve siècle, deux histoires, celle de Sainte Apolline et celle de Sainte Paule, qui reproduisent, mot pour mot, des textes antérieurs : et ce sont celles-là qu’on cite, quand on veut prouver que Jacques de Voragine s’est contenté de transcrire, dans son livre, des passages copiés à droite et à gauche. Mais le fait est que ces deux histoires ne sont point de Jacques de Voragine : car elles manquent non seulement dans la plupart des vieux manuscrits, mais même dans les premières éditions imprimées. Ce sont donc de ces innombrables interpolations que, au cours des siècles, les copistes ont introduites dans le texte original de la Légende Dorée[1] : et j’ajoute que, si même nous n’avions pas la ressource de pouvoir reconstituer ce texte original en éliminant tous les chapitres qui ne figurent point dans les premiers manuscrits, le style des chapitres ajoutés suffirait à nous mettre en défiance contre eux. Car

  1. Un exemple suffira pour donner l’idée du nombre fantastique de ces interpolations. Les éditions de 1470, encore presque conformes au texte primitif, contiennent environ 280 chapitres : une édition française de 1480 en contient 440, et l’édition anglaise de Caxton, 448.