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supplierai de ne pas craindre de toucher mon corps, comme elles ont fait parfois pour d’autres martyrs. Mes chers frères, pardonnez moi, mais Je sais mieux que personne ce qui me convient. Le feu, la croix, les bêtes, la rupture des os, le morcellement de tous les membres, et tous les supplices que le diable pourra inventer, c’est tout cela qui me convient, car tout cela me rendra digne d’être admis en présence de Jésus ! »

À Rome, Trajan le fit venir, et lui dit : « Ignace, pourquoi excites-tu à la révolte mes sujets d’Antioche et les convertis-tu à la foi chrétienne ? » Et Ignace : « Plût à Dieu que je pusse t’y convertir, toi aussi ; car tu obtiendrais à ce prix le seul pouvoir réel et durable ! » Et Trajan : « Sacrifie aux dieux, et je te nommerai le premier de mes prêtres ! » Et Ignace : « Je ne sacrifierai pas à tes dieux, et je n’ai que faire du titre que tu m’offres. Fais de moi ce que tu voudras, rien ne parviendra à me changer ! » Alors Trajan dit aux bourreaux : « Frappez-lui les épaules d’un fouet muni de plomb, déchirez-lui les côtes de pointes de fer, et frottez ses plaies de pierres aiguës ! » Et comme, sous tous ces tourments, Ignace restait inflexible, Trajan dit : « Qu’on apporte des charbons ardents et qu’on le fasse marcher sur eux, pieds nus » Et Ignace : « Ni le feu ni l’eau bouillante ne pourront éteindre en moi l’amour de Jésus-Christ ! » Et Trajan : « C’est la sorcellerie qui te permet de résister aux supplices que je t’impose ! » Mais Ignace : « Non, les chrétiens ne sont point des sorciers, et notre loi n’a rien de commun avec la sorcellerie ; et c’est vous qui pratiquez le maléfice, en adorant les idoles ! » Alors Trajan dit : « déchirez-lui le dos avec des ongles de fer, et envenimez les plaies en y jetant du sel ! Mais Ignace se borna à dire : « Que sont les souffrances de ce monde en comparaison de la gloire future ? » Alors Trajan lui fît remettre des chaînes, le fit enfermer au fond d’un cachot, défendit qu’on lui donnât à manger ni à boire, et déclara que, trois jours après, on le livrerait aux bêtes dans le cirque.

Donc, trois jours après, l’empereur, le sénat, et tout le peuple se rendirent au cirque pour voir le combat de