Voragine nous raconte lui-même ces événements, n’oubliant que de faire la moindre allusion à la part très active que, de l’aveu de tous, nous savons qu’il y a prise ? Voici ce passage, traduit non pas sur l’inexacte copie de la Chronique de Gênes qui se trouve dans le recueil de Muratori, mais sur un manuscrit magnifique et vénérable de la Bibliothèque Municipale de Gènes, datant, selon toute apparence, de la première moitié du xive siècle. Le saint prélat, après s’être longuement étendu sur les mérites des évêques et archevêques ses prédécesseurs, arrive enfin a son propre épiscopat. « Le frère Jacques, – nous dit-il, – huitième archevêque de Gênes, a été élu en 1292, et vivra tant que Dieu voudra bien le laisser en vie. » Puis il mentionne son voyage à Rome, et la mort du pape Nicolas, « qui, croyons-nous, est entré ainsi au palais céleste ». Et voici toute la fin de cette touchante autobiographie :
L’an du Seigneur 1295, au mois de janvier, fut conclue une paix générale et universelle, dans la ville de Gênes, entre ceux qui s’appelaient Mascarati, ou Gibelins, et ceux qui s’appelaient Rampini, ou Guelfes : entre lesquels, en vérité, le malin esprit avait depuis longtemps suscité de nombreuses divisions et querelles de parti. Soixante ans durant, ces dissensions pleines de dangers avait troublé la ville. Mais, grâce à la protection spéciale de Notre-Seigneur, tous les Génois sont enfin revenus à la paix et à la concorde, de telle manière qu’ils se sont juré de ne plus faire qu’une seule société, une seule fraternité, un seul corps. Ce qui a produit tant de joie que la ville entière s’est remplie de gaîté. Et nous aussi, dans l’assemblée solennelle où fut conclue la paix, vêtu de nos ornements pontificaux, nous avons prêché la parole de Dieu ; après quoi, avec notre clergé,