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VII
INTRODUCTION

de ramener la paix dans la ville de Gênes, dont les citoyens, vainqueurs de leurs ennemis de Savone et de Pise, n’en étaient devenus que plus ardents à s’égorger entre eux. Sans cesse les Guelfes, partisans des Fiesque et des Grimaldi, protestaient contre la domination du parti gibelin en brûlant des maisons, en saccageant des églises, en assassinant, au détour d’une ruelle, quelque inoffensif client des Doria ou des Spinola : et l’on entend bien que les Gibelins, étant les plus forts, ne se faisaient pas faute, le jour suivant, de le leur prouver par des procédés tout pareils. Depuis des années, la guerre sévissait à demeure dans les rues de Gênes : une guerre si violente que les Génois en étaient presque aussi fiers que de leurs colonies, se glorifiant volontiers d’exceller autant dans les luttes civiles que dans les navales. Or, en 1295, après trois années d’efforts, leur évoque Jacques de Varage obtint d’eux cette chose incroyable : que Guelfes et Gibelins consentissent solennellement à se réconcilier. Pour la première fois, depuis un demi-siècle, un calme fraternel régna dans les petites rues voisines de Saint-Laurent, de Saint-Donat, et de Saint-Mathieu, qui formaient alors le centre de la vie génoise. Et quand, onze mois plus tard, les Guelfes, excités en secret par le roi de Naples Charles II, attaquèrent de nouveau le parti des Spinola, on vit, racontent les chroniqueurs, « le pieux évêque Jacques de Varage se précipiter entre les combattants, pour les séparer au péril de sa vie ».

Mais comment résisterais-je à la tentation de citer le passage de la Chronique de Gênes où Jacques de