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LA LÉGENDE DORÉE


4o Enfin la Circoncision célèbre le fait même de la circoncision du Seigneur. Celui-ci, en consentant à se laisser circoncire, avait plusieurs motifs : 1o il voulait montrer qu’il avait vraiment revêtu la chair humaine : car seul un corps véritable peut émettre du sang ; 2o il voulait nous montrer que, nous aussi, nous devions accepter la circoncision spirituelle, c’est-à-dire nous livrer au travail de notre purification ; 3o le Seigneur s’est laissé circoncire pour ôter aux Juifs toute excuse dans leur conduite ; car, s’il n’avait pas été circoncis, ils auraient pu lui dire : « Nous ne t’avons pas accueilli, mais c’est parce que tu étais différent de nos pères ! » 4o le Seigneur a voulu montrer son approbation de la loi de Moïse, « qu’il était venu non pas détruire, mais compléter et réaliser ».

Au sujet de la chair sacrée de la circoncision du Seigneur, on a dit qu’un ange l’avait apportée à Charlemagne, qui l’avait solennellement déposée à Aix-la-Chapelle, dans l’église de Notre-Dame. Et l’on dit qu’elle se trouve aujourd’hui à Rome, dans l’église appelée le Saint des Saints ; et de là vient le pèlerinage que l’on fait, en ce jour, à cette église.

Notons enfin que les païens, autrefois, se livraient, le premier jour de l’année, à toutes sortes de pratiques superstitieuses que les chrétiens ont eu beaucoup de peine à déraciner, et dont saint Augustin nous parle dans un de ses sermons. Ces païens s’étaient imaginés de prendre pour dieu un certain chef appelé Janus ; et c’était lui qu’ils honoraient ce jour-là, le représentant avec deux visages, dont un tourné vers l’année passée, l’autre vers la nouvelle. On avait aussi l’habitude de se déguiser sous des formes monstrueuses : les uns se revêtaient de peaux de bêtes, d’autres n’avaient pas honte d’introduire leurs corps virils dans des tuniques de femme. Et saint Augustin ajoute : « Quiconque garde quelque chose des coutumes païennes, je crains bien que le nom de chrétien ne puisse guère lui servir ! »