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LA LÉGENDE DORÉE

munité de sa personne ; le sixième jour, que nul ne pourrait construire une église dans une ville sans la permission de son supérieur ecclésiastique ; le septième jour, que la dixième partie des biens royaux serait affectée à l’édification des églises ; le huitième jour, l’empereur se rendit à l’église de Saint-Pierre et se confessa à haute voix de ses fautes ; puis, prenant une bêche, il creusa, le premier, la terre, à l’endroit où allait s’élever la basilique nouvelle, et il emporta sur ses épaules douze hottes de terre, qu’il jeta hors de l’église.

III. Lorsqu’elle apprit cette conversion, l’impératrice Hélène, mère de Constantin, qui se trouvait alors à Béthanie, écrivit à son fils pour le louer d’avoir renoncé au culte des idoles, mais aussi pour le blâmer vivement de ce que, au lieu de croire au Dieu des Juifs, il se fût mis à adorer comme dieu un homme crucifié. L’empereur lui répondit de ramener avec elle à Rome les principaux docteurs juifs, en ajoutant qu’il les placerait en face des docteurs chrétiens, afin que la discussion réciproque fît apparaître la vérité en matière de foi. Hélène ramena donc avec elle cent soixante et un docteurs juifs, dont douze surtout brillaient par leur science et leur éloquence. Et quand Silvestre avec son clergé se présenta devant l’empereur pour discuter avec ces Juifs, on convint, d’un commun accord, de prendre pour arbitres du débat deux païens très savants et très estimés, appelés Craton et Zénophile. Alors, en présence de ces arbitres, saint Silvestre réfuta tour à tour les arguments des douze fameux docteurs juifs, dont les noms étaient : Abiathar, Jonas, Godolias, Annas, Doeth, Chusi, Benjamin, Aroel, Jubal, Thara, Siléon et Zambri. Et, chaque fois, les deux arbitres, et l’empereur et sa mère, et la foule s’accordèrent à reconnaître qu’il avait complètement réfuté et anéanti les arguments de son adversaire. Si bien que, exaspéré, Zambri, le douzième docteur, s’écria : « Je m’étonne que vous, juges très sages, vous prêtiez foi aux ambages des paroles et vous imaginiez que la toute-puissance de Dieu se puisse estimer par la raison humaine. Finissons-en avec les paroles, et venons-en aux faits ! Insensés ceux qui