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V


La dernière représentation des Festspiele venait de finir ; la foule envahissait le restaurant du théâtre. Le bruit avait un timbre plus élevé que les autres soirs, l’excitation nerveuse de tous un caractère particulier. Ceux que fanatisait sincèrement le culte wagnérien tentaient d’échapper dans l’animation verbale, au sentiment de vide et de détresse causé par la certitude que la récente griserie ne devait plus se renouveler de longtemps. Les purs snobs libéraient, en gestes inutiles, leurs muscles fatigués d’ennui, respiraient allègrement et goûtaient comme un plaisir revivifiant la fin de la contrainte. On voyait dans leurs yeux la joie saine de la corvée menée à bien, l’honnête bonheur de n’avoir plus d’harmonies compliquées à subir, d’être délivrés enfin, avec le bénéfice de pouvoir dire qu’ils étaient venus là. Tout le monde avait une faim inaccoutumée, un besoin de se refaire. Les garçons du