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pas ? Barrois nous en parlé au moment du procès deHenry. Voyons, vous savez bien, il vous avait assez énervée avec toute cette histoire… Cet Hansen était l’ami intime d’Henry, une manière d’illuminé. Barrois disait de lui un tas de choses, que j’ai oubliées. Je ne sais plus pourquoi on ne l’avait pas arrêté, lui aussi. Et, après — au moment de l’assassinat de l’impératrice d’Autriche, – on a inquiété quelqu’un qui s’appelait comme ça ; il me semble bien, du moins.

– Ah ! dit Jacqueline.

Elle restait immobile au seuil de la maison, ne songeant plus à entrer. Elle regardait devant elle la place morne, les anciennes maisons, les fleurs mélancoliques et la statue de bronze luisante encore sous le jour défaillant. M. des Moustiers suivit la direction de son regard.

– Ça a un charme pénétrant, les petites villes allemandes, à cette heure de fantômes et de souvenirs, dit-il comme s’il eût voulu commenter la rêverie singulière des yeux de Jacqueline.

– Oui, répondit-elle.

Ils entrèrent ensemble. André revint à son idée.

– Je suis certain du nom, c’est bien le même qu’avait l’ami d’Henry ; par exemple, s’appelait-il Erik ? Ça, je ne sais pas… Oh ! probablement, ce n’est pas lui, ce serait trop absurde ! Au reste, l’autre, l’anarchiste, devait avoir un nom de guerre ! Tout de même, si c’était lui !… Vous voyez-vous ayant invité à dîner un type qui tue les rois et met des bombes chez les banquiers juifs ? Ça vous ressemblerait bien ! Il a l’air assez tranquille ; espérons que ce n’est pas lui…