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Erik soutint l’insulte tacite de l’intention, avec un sentiment de perceptible agressivité.

M. des Moustiers, déférent et affectueux, s’était empressé vers Léonora ; il l’implorait de lui pardonner ses maladresses de la veille. Jacqueline l’interrompit d’un geste qui le désignait à Erik :

— Mon mari… monsieur Erik Hansen, dit-elle.

Puis, aussitôt :

— Maud, laissez-moi vous nommer monsieur Hansen, un grand ami de mademoiselle Barozzi.

L’autorité du ton imposait la courtoisie.

André salua, tendit la main ; ses yeux rapides parcoururent, des cheveux aux bottines, toute la personne d’Erik, dont la mise correcte révélait pourtant l’indifférence anti-mondaine d’un homme qui ne prend point souci de ce qu’on pensera de son apparence. Pendant cet examen, il n’avait cessé de regarder M. des Moustiers au visage ; et lorsque, la brève vérification finie, leurs yeux se rejoignirent, il y avait du déplaisir dans ceux d’André, du défi dans ceux d’Erik.

M. des Moustiers, pour meubler le silence qui s’était établi, reprit le développement de ses excuses à Léonora. Jacqueline l’interrompit encore :

— Ah ! ne parlons plus de ça, je vous en prie, dit-elle, c’est oublié ! Occupons-nous d’assurer la prolongation de nos existences par le moyen de la nourriture. Où manger ? Au Restaurant berlinois, n’est-ce pas ? À sept heures ? Oui, c’est cela. Léo, tu dîneras avec nous. Et vous, monsieur, nous ferez-vous le grand plaisir de l’accompagner ?

— Merci, madame, oui, très volontiers, répondit Erik.