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vouloir… Quelle idée ton mari a dû prendre de moi !

— Il te trouve délicieuse. Il m’a chargée de te faire ses excuses. Il prétend que c’est lui qui a eu tous les torts, qu’il a manqué de tact… je ne sais quoi encore. Il s’expliquera tout à l’heure avec toi, si tu le veux bien. Lui et Maud sont au restaurant. Mais je t’ai dérangée ; tu étais avec quelqu’un que ça n’a pas l’air d’amuser d’attendre.

– Laisse-le attendre.

— Pauvre homme ! Qui est-ce ?

— Un camarade… Je l’ai connu chez l’abbé Werner, dont il était l’ami ; il s’appelle Erik Hansen. Ça ne te dit rien, je suppose ?

— Non… Il est singulier. Sa laideur me plaît assez. Je l’avais remarqué, il était derrière moi pendant le Crépuscule. Il a quelque chose d’intense… Que fait-il dans la vie ? C’est un artiste ? un orateur ? il a une tête à inventions et une bouche à discours éloquents…

— Ni un artiste, ni un orateur, ni un inventeur… Non, rien de tout cela !

— Quoi, alors ?

— Que t’importe ?… Tu ne songes pas à l’employer, sans doute ?

— Comme tu réponds drôlement : Est-ce que ton ami a une profession inavouable ?… Il est bourreau, peut-être ?

— Peut-être…

Jacqueline cessant de regarder dans la direction d’Erik Hansen, fixa les yeux sur Léonora :

— Je ne veux pas être indiscrète, dit-elle avec un