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des fous d’orgueil qui rêvent l’illustration par le crime décoratif. Il n’y a nulle beauté dans leur cas. Je vous l’ai dit souvent, je vous le redirai, jusqu’au jour où, sans conviction, inutilement, vous serez détruit pour avoir obéi à l’un de leurs ordres…

— Les efforts peuvent ne pas donner tout ce qu’on attend d’eux, ils ne sauraient être entièrement vains… Où voyez-vous qu’on ait jamais fait de profondes révolutions sociales par la persuasion ?… Tout se fonde dans le sang et par le sang… celui qu’on donne, celui qu’on prend… Pour instaurer l’idée chrétienne, il a fallu les martyrs ; pour réveiller l’Europe de la léthargie catholique, il a fallu les bûchers de l’Inquisition ; la pensée de la Révolution a nécessité la guillotine et les guerres de Napoléon. Pour qu’une idée vive et soit féconde, il faut des persécutions et des meurtres de réaction. On ne prouve rien qu’en tuant et en mourant.

— J’admire que ces gens qui prétendent à créer la loi nouvelle se réclament des méthodes par quoi se sont justifiées toutes les choses qu’ils veulent détruire. Au xiiie siècle, le Vieux de la Montagne et ses assassins, persuadés par le haschisch et l’abrutissement, n’opéraient pas autrement que vous ne faites. Eux aussi prétendaient régner par la peur… Le but était différent, direz-vous. Mais avez-vous seulement un but défini ? Non, non : rien n’est viable qui n’ait la logique à sa base… Le tyrannicide est un mauvais argument contre la tyrannie. Le respect de la vie humaine est le principe de tout ce qui mérite le nom de progrès. Si elle triomphait, l’anarchie mettrait en d’autres mains ce principe d’autorité que, vous le