Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’âme parce que le bien-aimé ne vient pas !… Pauvre Jacqueline ! Elle sait trop bien que, si celui-là fait défaut, il s’en trouvera d’autres… Vous êtes bon à enfermer ! Êtes-vous vraiment devenu amoureux d’elle à distance ?

— Vous savez bien qu’il n’y a pas de place pour l’amour dans ma vie ! Il faut s’appartenir avant de songer à se donner ; et, si j’avais été libre de moi-même…

— Ne perdons pas de temps à bâtir des hypothèses. Nous avons autre chose à nous dire que toutes ces insanités. Vous auriez pu y penser d’abord ! Chaque fois que je vous retrouve, j’ai toujours l’angoisse de ce que peut-être vous allez m’apprendre. Vous n’êtes pas, au moins, venu ici pour me dire adieu avant de vous risquer dans quelque nouvelle aventure ?… Qu’avez-vous fait à Berlin ?

— Soyez tranquille, il n’y a rien, rien du tout pour le moment ! Ce que j’ai fait… pas grand chose ! J’ai parlé, les autres ont parlé, ça a un peu remué l’air pendant quelques minutes ; et puis, c’est tout. Nous manquons d’une volonté centrale. Nous voulons détruire le principe d’autorité — ce qui, soit dit en passant, est une grande naïveté — et nous ne nous rendons pas compte que c’est au moyen du principe d’autorité autrement baptisé que nous agissons. On ne détruit rien, on déplace, voilà tout, et on change des étiquettes… Ils font d’incroyables dépenses d’énergie et d’abnégation pour des résultats douteux et médiocres. Je suis bien revenu de mes premiers enthousiasmes… Au reste, pour dire la vérité, et vous le savez bien, ce n’était pas la cause elle-même qui m’em-