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IV


Il n’y avait pas eu de représentation ce jour-là. Vers midi, Léonora était montée jusqu’à la tour plantée au sommet du bois de sapins, derrière le théâtre, et revenait, lasse d’avoir tant marché. Elle allait vite pourtant, selon sa coutume. Ses gestes avaient toujours un caractère de hâte irritée ; sa parole brève, son allure brusque, toute sa personne était impérieuse dans l’action, et plus encore dans la tranquillité soudaine, où elle se figeait parfois lorsqu’elle ne se sentait pas regardée. Il apparaissait alors dans les lignes de son corps et de son visage, un peu de la fatalité qui force le respect devant les grands marbres antiques. Dès qu’elle ne bougeait plus, elle prenait le style des immobilités éternelles. Mais c’étaient de rares instants. L’agitation détruisait sans cesse son harmonie. Chaque détail d’elle, depuis les plis de sa robe jusqu’au mouvement de ses yeux, indiquait une créature de lutte