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— La musique de Wagner convient particulièrement aux sensuels à volonté intermittente, dit Léonora avec un air de dédain irrité.

André éclata de rire ; il s’inclina :

— Voilà comme vous me jugez ! Merci bien ! fit-il gaiement.

— Ce n’est pas de vous que je parle ; je ne vous connais pas.

— Pourtant, je suis sûr que vous avez déjà une idée très arrêtée de mon pauvre individu, et je voudrais en entendre le détail… Je dois vous révéler que, malgré le mépris évident que je vous inspire, j’ai, moi, pour vous une violente sympathie faite d’admiration et de curiosité : les agents les plus actifs du sentiment, vous devez savoir ça. Mais je vous déplais cordialement ?… C’est insupportable !

— Vous vous trompe, monsieur. Vous ne me déplaisez ni me plaisez. J’attends pour me faire une opinion, de vous avoir vu davantage… si cela se produit, ce dont je doute.

— Heureux homme ! Vous ne déplaisez pas à mademoiselle Barozzi !… C’est déjà un triomphe. Manifestez votre joie en étant généreux, donnez-moi à boire ; je meurs de soif, dit madame Simpson dont la bouche étroite souriait méchamment d’un seul côté.

— Nous ne sommes pas venus ici pour nous disputer à propos de Wagner, ni pour explorer mutuellement nos âmes. Cherchons un sujet de conversation où nous soyons tous du même avis ; ce sera hygiénique, par cette chaleur, dit Jacqueline.

Elle s’inquiétait de sentir l’atmosphère chargée d’irritation ; Léonora avait une figure de combat, et