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votre fierté a la passion de la fierté d’autrui, vous voulez qu’en vous subissant on la conserve toute. Je suis capable de cela, mais qu’en pouviez-vous savoir ? Au reste, je ne le savais pas moi-même avant cette épreuve. Il faut, qu’on se donne à vous sans conditions et sans espoir, parce qu’on a le courage d’un tel effort et en sachant bien d’avance que vous vous garderez toute. Quand j’ai bien vu cela, j’ai eu un grand désespoir et une grande force. J’ai fait de vous mon but en acceptant la possibilité de ne plus jamais vous baiser les doigts. C’est pour cela que je n’ai pas cherché à vous rejoindre, pour cela que j’ai tant parlé de vous avec Erik Hansen qui sentait quelques-unes des choses que je sentais.

— Et maintenant ?

— En vous revoyant j’ai compris que vous m’aviez pardonné, que peut-être vous accepteriez ce don de moi qui ne vous engageait à rien. Et puis les circonstances de ma vie sont changées et j’ai dans les mains des moyens de domination qui vous amuseront peut-être à employer.

— Votre journal ?

— Oui… Quelle terrible douceur de voir ainsi vos yeux, de sentir que vous croyez en moi, car… me suis-je trompé ?

— Non !

Il se tut, un moment ; pendant lequel leurs regards se pénétraient, les paupières de Jacqueline battirent. Elle respira plus vite et dit, les yeux de nouveau dans les siens :

— Racontez comment est arrivé cette transformation de votre vie.