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allait au suicide. J’ai tout fait pour le retenir, tout, inutilement. Il serait mort quelques jours plus tôt, s’il ne m’avait pas eu pour parler de vous. Dès que j’ai su la mort de l’autre, j’ai couru chez lui… mais…

M. d’Audichamp interrompit la phrase :

— Dites-moi, cher monsieur, est-ce vrai, ce qu’on m’a raconté tout à l’heure au cercle, que vous fondiez un journal ?

— Oui, c’est vrai, depuis ce matin, répondit Marken. Ce sera un grand quotidien sur le type des journaux anglais et j’espère y faire de bonne besogne. Puisque vous avez la bonne grâce de paraître vous y intéresser, je vous dirai que mon journal a ceci de spécial qu’il sera entièrement dans mes mains, car je n’aurai ni actionnaires ni commanditaires ; je marcherai avec mes seuls capitaux.

Pendant que, de tous les côtés de la table, arrivèrent des questions et des espoirs que ce journal-là fût destiné à défendre la société, Jacqueline vit dans les yeux forts de Marken, que sa dangereuse lutte était finie et qu’il avait la victoire.

Madame d’Audichamp se pencha :

— Ma chère, dit-elle, est-ce que vous avez eu des nouvelles de Léonora, ces jours-ci ? Je lui avais écrit, elle ne m’a pas répondu. Est-elle à Paris, savez-vous ?

— Je l’ai vue tout à l’heure. Elle partait.

— Tiens, sans prévenir ! Quelle drôle de fille ! Où va-t-elle ?

— En Amérique. — C’était Marken qui répondait pour Jacqueline. — Elle va passer là-bas quelques années, sans doute ; c’est très dommage pour nous.