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— Oui, je sais bien, on dit toujours ça lorsqu’il y a un personnage en scène tout le temps. Au théâtre, j’aime qu’on entre et qu’on sorte, et puis les moyens de séduction de ce don Juan… Vraiment… qui n’y résisterait ?…

— Mais, dit madame Steinweg d’un air entendu, les moyens qu’emploient les séducteurs n’ont d’importance qu’au début de leur carrière. Dès qu’ils sont installés dans la profession, ils n’ont qu’à paraître pour que les femmes leur tombent dans les bras parce qu’elles savent que beaucoup d’autres y sont déjà tombées.

— Oui, dit Barrois, c’est de l’automatisme par suggestion. Mais il ne faudrait pas généraliser et dire que les femmes préfèrent toujours les séducteurs professionnels à ceux qui ont des cœurs candides. Remarquez qu’elles s’acharnent à troubler les hommes parfaitement chastes — ça se trouve encore madame… à l’étranger, — et aussi qu’elles s’intéressent aux monstres, voire aux criminels… À vrai dire, ce qu’elles recherchent, c’est l’être d’exception.

— Certes, dit Marken d’un ton brusque, mais ce n’est pas l’exceptionnel pour lui-même qu’elles veulent ; la femme vraiment femme, comme l’homme fortement homme, n’a qu’une vraie passion : vaincre. Or on ne vainc que ceux qui ont en eux quelque force qui les distingue : la chasteté en est une, comme le don de séduction, et la monstruosité aussi, et non moins le pouvoir du crime.

— L’important, dit madame Steinweg c’est que les gens soient incompréhensibles. J’ai toujours vu que la seule condition de l’amour, c’était le malen-