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der pardon aussi… et pas seulement de mon infamie, mais de toute ma conduite envers toi, de t’avoir jugée, de t’avoir condamnée, toi qui vaux mille fois mieux que moi et qui as toujours été bonne pour l’abjecte créature que je suis, moi, qui osais te critiquer, te parler durement, moi qui aime ton mari, car je l’aime, tu m’entends bien, comme une sale brute en folie !

Jacqueline ne pleurait plus ; appuyée des deux mains au dossier de la chaise où elle s’était assise, elle regardait Léonora dans une stupeur silencieuse. Lorsque mademoiselle Barozzi cessa de parler, elle dit lentement, le ton amer :

— Pourquoi pars-tu, s’il t’aime ?

— Mais il ne m’aime pas ! cria Léonora d’une voix déchirée. Je te l’ai dit, il a eu une seconde de désir, voilà tout ! Il ne m’aime pas !… Et s’il m’aimait… Rester, être sa maîtresse ? C’est ça que tu veux dire, n’est-ce pas ?… Tu es bien bonne, merci !

– Ne te révolte pas, dit Jacqueline durement, ce n’est plus l’heure. Si quelqu’un n’était pas venu, l’autre jour, tu te serais donnée, c’est toi qui l’as dit… Oh ! je ne t’en veux pas ; que m’importe, que ce soit toi ou madame d’Audibert, ou toutes deux ensemble ?

Il est l’amant de madame d’Audibert ?

— Ah ! comme tu as bien dit ça !… Sans doute, il est l’amant de madame d’Audibert, à qui je n’en veux pas plus que je ne t’en voudrais d’être sa maîtresse… Ce n’est pas de ce que tu l’aimes… avec tant d’autres, que je me plaindrais, si j’étais en ce moment capable de me plaindre… mais il me semble que tu m’as fait tort, un tort affreux en démolissant après