Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’est-ce encore !

Léonora, restée debout près de la porte, fut un moment sans répondre. Il y avait un contraste singulier entre la jeune fille droite, amincie par son rigide costume noir, les yeux étrangement fixes, la bouche serrée, la violence de tout son visage, et cette femme en corset de satin rose, en jupon de dentelles, avec sa chair claire et douce, surgissant des épaulettes de rubans glissées sur ses bras. Sous l’aveuglante lumière, les glaces multipliaient en se la renvoyant l’image noire et l’image blanche et rose.

— J’ai à te parler, commença Léonora.

— Oui ? Eh bien, parle, fit Jacqueline avec impatience. Moi aussi, du reste, j’ai des choses à te dire.

Léonora prononça lentement :

— On a enterré Erik Hansen ce matin.

Jacqueline ne dit pas une parole ; ses yeux s’étaient élargis, elle avait tendu les mains comme pour éviter un coup. Léonora continuait :

— Il s’est tué… J’étais allée chez lui avant-hier. Je te dirai pourquoi tout à l’heure… Il n’est pas venu ouvrir quand j’ai sonné… Mais j’avais la clef… Il était sur son lit, avec deux balles dans la poitrine, mort… Il a dû se tuer pendant que je montais l’escalier, le pistolet était encore chaud… On a fait venir un médecin… C’était inutile… Il y avait une lettre pour moi sur la table. Il me chargeait de t’avertir, de t’expliquer que tu n’étais pour rien dans sa détermination… pour rien. Il t’avait raconté… l’homme qui, là-bas… à sa place ? Eh bien, cet homme-là s’est étranglé dans son cachot. Les journaux ont raconté ça