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gardait depuis sa grippe une fatigue qui, vers la fin des journées, la déprimait beaucoup.

Elle savait que madame d’Audichamp avait invité Marken, et, en se coiffant, elle songeait à lui avec ce sentiment incertain de malaise et d’espoir qui ne l’avait pas quittée depuis leur rencontre au Petit Palais. Il y avait onze jours de cela exactement et elle s’étonnait qu’il ne lui eût même pas mis une carte. Lorsqu’il l’avait saluée, il lui avait paru que toute rancune contre elle avait disparu de sa pensée ; elle-même n’avait plus que le désir vif de le retrouver et une curiosité aiguë de ce qui se passait en lui. Mais pourquoi n’était-il pas venu ?

Elle passait un jupon dont les dentelles moussaient, lorsqu’on l’avertit que mademoiselle Barozzi demandait à la voir.

— Qu’on fasse entrer, dit-elle.

Léonora parut quelques instants plus tard. Jacqueline lui jeta un rapide coup d’œil, vint à elle souriante, affectueuse, tout en disant à sa femme de chambre :

— Je finirai de m’habiller plus tard, je vous sonnerai.

— Je viens justement de t’écrire… Pourquoi n’as-tu pas répondu à ma lettre, l’autre semaine ? dit-elle, en faisant le geste d’embrasser Léonora.

Mademoiselle Barozzi la repoussa sans colère, mais avec une forte détente du bras. Jacqueline ne s’était pas trompée en pressentant que ce n’étaient pas des excuses de politesse qu’apportait son amie. De nouveau, elle fut étouffée par l’atmosphère de drame que Léonora semblait créer autour d’elle. Avec un trouble mêlé d’irritation, elle demanda :