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qu’une lâcheté effroyable… Ne plus vous voir… ne plus vivre, perdre cette chance que, peut-être, vous reveniez me répéter que vous ne vous trompiez pas, le jour où vous m’avez dit : « Je vous aime… » Mon Dieu !… Fou !… Stupide fou !… Quand la destinée s’est bouchée devant moi, que le devoir s’est imposé…. quand ils ont lu mon nom… le cœur m’a failli. J’ai demandé grâce !… Ah ! leur mépris, à tous ceux-là qui tenaient leur vie prête pour l’offrir… de ceux-là que je m’étais permis de juger… leur mépris ! On se rappelle ça ; ça tue aussi sûrement qu’un couteau… L’un d’eux, qui m’aimait, parce que, une fois, sans rien risquer, par hasard, j’avais sauvé la vie à sa maîtresse, s’est offert à ma place… Le regard qu’il avait… si vous aviez pu voir son regard à ce moment-là !… il ressemblait au vôtre tout à l’heure ; j’y ai lu si bien la surprise horrible de mon infamie… Et il avait raison, lui, car, comprenez-vous ?… peut-on comprendre ?… j’ai accepté son sacrifice… Oui, oui, écartez-vous de moi, vous avez raison, mon contact salit… J’ai accepté cela, pour rester sur cette terre où vous êtes, pour qu’il me soit donné de vous parler encore une fois… pour avoir la torture sans nom de voir sur votre visage la terreur, et le dégoût, pour sentir que vous me haïssez, pour mourir taché jusqu’au cœur… J’espérais… je ne sais quoi, qu’il renoncerait, qu’il ne pourrait approcher du roi, que quelque chose arriverait qui ferait tout manquer… Je savais bien pourtant qu’on peut toujours tuer quand on est décidé à mourir !… Vous savez le reste, on l’a pris. Depuis cinq mois, pas une seconde ma pensée ne s’est détachée de lui. Je vis dans son