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IX


Le froid était âpre, sec et sombre. Jacqueline éprouva un bien-être de la chaleur du musée. Elle marchait lentement, absorbée, le cœur lourd, inquiète de ce qui l’attendait en haut du vaste escalier clair au fond duquel s’élevait le vol éternel et formidable de la grande Victoire.

Elle s’arrêta un moment devant l’Ariane endormie dans la guirlande de ses bras musculeux. Elle était venue là bien des fois avec le petit poète qui l’avait aimée. Il méprisait la trop héroïque charpente de la statue, et disait des choses subtiles en la comparant à la forme déliée de Jacqueline. Certaines phrases lui revenaient avec leur accent de dévotion. Étirant sa minceur nerveuse, elle ressentit la beauté si juste de son corps et, dans la tiédeur de ses vêtements, eut conscience de ses modelés polis, de sa finesse de figurine indienne. Elle traversa la salle pour regar-