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— Dites la vérité, ce sera mieux pour nous deux.

— Avouer que j’en aime un autre ?…

Sa voix cassa dans un sanglot.

— Vous dites ?…

— Partez ! Allez-vous-en, ne revenez plus, plus jamais… Ah ! moi aussi, j’en ai trop de cette torture. Non, je n’aime pas Erik… Je n’ai jamais, de toute ma vie, aimé que vous, et je vous ai aimé dès la première minute où je vous ai vu… Comme j’ai lutté, mon Dieu ! quelle misère, quelle honte !… Ayez pitié de moi, allez-vous-en… Vous voyez bien que je suis folle ; une pauvre folle… Une pauvre folle !

Il la prit dans ses bras, convulsive, sanglotante. Les larmes, comme toutes choses, demandent un apprentissage ; Léonora ne savait pas pleurer. Elle était de celles dont les crises exaspèrent les nerfs au lieu de les détendre. André la serrait contre lui, il chercha sa bouche. Un long moment, sans se défendre, elle subit son baiser, puis s’arracha violemment. Ses yeux étaient éperdus, le désir venait de naître en elle sous la caresse ignorée. Son long corps fin se crispait tout entier. André la reprit et l’entraîna vers le divan, les genoux de Léonora fléchirent, elle tomba sur les coussins. Un moment, ils luttèrent, les membres emmêlés. La volonté de Léonora pliait sous la volupté déjà ressentie, elle implora, une dernière fois :

— Ayez pitié de moi.

— Je t’aime ! répondit-il.

Et il sentit qu’elle allait céder.

Le timbre de l’entrée résonna. Léonora, redressée, s’échappa de l’étreinte, et courut vers sa chambre,