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expliquer, c’est trop conſus encore, nous en reparlerons quand j’y verrai plus clair. Pour le moment, dis-moi toi. Ça m’intéresse tant !

— Tant que ça ?… vraiment ? J’ai des doutes… Aussi bien n’est-ce pas pour satisfaire ta brûlante amitié, — qui m’a laissée en oubli pendant plus de sept ans ! — que je parlerai de moi, mais égoïstement, pour me soulager un peu. Il y a si longtemps que je ne dis que des paroles indifférentes à des indifférents !… Toi, du moins, tu es quelqu’un que j’ai aimé, que je hais presque, quelqu’un qui me touche enfin !… Eh bien, voyons, que vais-je te dire ?

— Tout ! Je t’en prie !

— Inutile, n’est-ce pas ? de recommencer l’histoire de mes faits et gestes depuis ma sortie du couvent jusqu’à ton mariage : tu en sais le détail, tu le savais, du moins, car je ne pense pas qu’il t’en reste rien dans la tête, mais n’importe. Au reste, tu ignores l’important, les misères morales traînées pendant cette année de courses à travers l’Europe et l’Amérique… Au moment où, étouffée par mon silence sur tout cela, — aussi lasse que je le suis aujourd’hui, – je m’étais décidée à t’avouer la réalité de ma vie tu as cessé de m’écrire… Tu ne sais même pas comment c’est arrivé, ni quand. Je le sais, moi ! Pendant tes fiançailles, les lettres étaient devenues plus rares, plus brèves et tellement distraites !… Et puis tu es partie en voyage de noces. C’est alors que j’ai fait la gaucherie de te raconter ma détresse ; tu n’as pas dû recevoir cette lettre-là, car, dans un petit billet qui m’est arrivé un mois plus tard, tu n’y faisais pas même allusion. Tu te plaignais d’être sans nouvelles de moi… de