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— Qu’y a-t-il ? Des ennuis chez vous ? Il me semblait pourtant…

— Oh ! non !

— Alors ? quoi ? Vous êtes amoureux, peut-être ?

D’un geste maladroit, elle prit un journal ouvert sur la table, voulut le plier, et le laissa tomber.

— Oui, c’est vrai, répondit André d’un ton très simple.

— Ça devait arriver, vous ne pouvez pas vivre sans passion !

— Vous avez dit le mot : passion, c’est bien cela !

J’ignorais ce que c’est qu’aimer passionnément.

— Rassurez-vous, ça ne durera pas.

– Grande amie… Ah ! non, ne me regardez pas avec ces yeux féroces : ça me fait mal… Prenez garde, vous touchez à des choses plus graves et plus douloureuses que vous n’imaginez.

— N’en parlons plus.

— Si, parlons-en. Tâchez de me comprendre… J’ai toujours traité l’amour comme un magnifique amusement ; pour la première fois de ma vie, je suis pris par quelque chose… C’est atroce, voyez-vous, d’aimer une femme qu’on a le devoir absolu de respecter et dont on sait que jamais, jamais elle ne vous aimera !

— Madame d’Audibert ? Oui… j’avais bien remarqué, au printemps… Mais je ne la croyais pas à ce point respectable !

– Madame d’Audibert ! cette sotte prétentieuse !… Quelle folie !

— Les choses folles ne sont pas forcément invraisemblables… Ah ! je vois ! C’est madame Rudy. Mais