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ne fût tellement intense que trois paroles aient suffi… Vous êtes toujours en intimité avec ce Scandinave ?

— Je l’aime beaucoup, répondit Léonora en détournant la tête.

— Trop ?

— Ne plaisantez pas là-dessus ; ça m’est pénible.

— Je ne plaisante pas, il s’en faut. J’ai toujours peur…

— De quoi ?

— Qu’on ne me prenne le peu que j’ai de vous. Cet individu vous aime, ou vous a aimée. Je l’ai vu à notre première rencontre. Même, c’est ce jour-là que j’ai commencé à être jaloux de lui. Ah ! ça ne date pas d’hier. Mais parlons d’autre chose…

— Que voulez-vous dire ? Je ne comprends pas.

— Tant mieux !

— Je vous demande sérieusement de vous expliquer, dit Léonora avec une agitation piteuse. Il y a sous vos réticences un doute qui me blesse affreusement. Déjà, dans vos lettres, cet été, j’ai senti que vous aviez une idée que vous ne disiez pas… Je vous en prie.

— Eh bien… oui, je vous dirai cela, un de ces jours, chez vous. Mais pas maintenant… pas ici. Est-il possible que vous soyez à ce point indifférente que vous ne voyiez rien du trouble dans lequel je suis ?

Elle n’eut pas le loisir de répondre, la bande de madame d’Audichamp les rejoignait. On en avait assez des bibelots, on allait prendre le thé chez Colombin.