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cienne, nous déchiffrons souvent ensemble. Elle est de rapports agréables, pas pesante, fantaisiste ; elle plaît beaucoup aux hommes parce qu’elle les injurie avec un air de ne pas faire cas d’eux… Au résumé je m’aperçois que je ne sais pas grand chose d’elle… Mais on ne sait jamais rien sur les gens…

— Jusqu’au moment où on a vu la couleur de leur sang et où on leur a montré la couleur du sien. Monsieur des Moustiers semble avoir beaucoup de goût pour cette belle dame ?

— Oui, ils flirtent.

— Ça t’est égal ?

– Très égal ; André flirte avec tout le monde et c’est sans aucune importance. Quelle drôle de figure tu as ! Tu es contente de ce que je viens de dire, ou bien te moques-tu de moi ?

— Non. Si tu es sincère, ton indifférence aux flirts de monsieur des Moustiers prouve que tu as des vues saines sur le mariage, voilà tout.

– Et toi ?… Toujours le même dédain pour cette honorable institution ? Tes idées sur l’indépendance de la femme n’ont pas changé ?

– Un peu. Celles que j’ai, maintenant, sont plus absolues que celles d’autrefois, mieux justifiées aussi… Alors, tu n’es pas amoureuse de ton mari ?

– Je l’aime beaucoup. Mais… en effet, je crois que le sentiment que j’ai eu pour lui jusqu’ici ne peut pas s’appeler amour.

– Pourquoi dis-tu : « jusqu’ici » ?

– Parce que — c’est si étrange tout cela ! Depuis hier, depuis le moment où je t’ai rencontrée, j’ai des impressions nouvelles… Je ne pourrais pas te les