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— Mais oui, c’est ton amoureux, Roustan, le peintre, tu sais bien !

— C’est vrai, je ne me rappelais plus sa tête, et puis il est habillé comme tout le monde : ça le change prodigieusement. Je crois qu’il a bien envie de venir causer… C’est ça ; le voilà qui s’amène ; il suit son instinct ce garçon-là ! Tiens, il connaît les Audichamp.

Elles s’étaient arrêtées. Madame d’Audichamp, suivie du jeune homme, s’approcha.

— Ma chère Jacqueline, laissez-moi vous nommer monsieur Roustan, un peintre du plus grand talent. Il vient de commencer mon portrait ; c’est d’une ressemblance ?… vous verrez !

— Mais je connais monsieur, je l’ai rencontré déjà chez une vieille personne qui est notre amie commune, dit Jacqueline avec un grand sérieux.

— Qu’est-ce encore que cette histoire ! s’écria madame d’Audichamp. Pourquoi m’avez-vous demandé de vous présenter à madame des Moustiers, puisque vous la connaissez ?

Jacqueline tira le peintre de l’embarras convulsif où elle l’avait mis en donnant une version fort arrangée de leur rencontre ; à son tour madame d’Audichamp expliqua que, sur la recommandation de Marken, Roustan était allé en octobre aux Louveteries pour essayer le portrait de madame Steinweg, et qu’il en avait fait une telle merveille que M. d’Audichamp lui avait immédiatement commandé celui de sa femme.

– À mon âge, avec la figure que j’ai !… Quelle idée, n’est-ce pas ? Mais ça fera plaisir à ma fille après mon décès… Du reste, je ne me repens pas d’avoir consenti… Je ne sais comment monsieur Roustan s’y