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— C’est vrai, il est correct et bien élevé, dit madame d’Audichamp.

— Vous êtes très liée avec lui, chère madame, puisqu’il vous fait ses confidences ! remarqua Jacqueline.

— Ma foi, oui ; depuis mon retour, je le vois tout le temps. Il me plaît, ce garçon ; c’est un original et, en somme, je ne crois pas un mot de tous ces potins qu’on a faits sur lui. Et il est d’une obligeance ! Et influent, avec ça, on ne s’imagine pas… Il m’a obtenu un bureau de tabac que je sollicitais inutilement depuis deux ans pour la veuve du colonel Rameure. Je n’ai eu qu’à lui en parler ; ça a été fait en un clin d’œil. Et puis, la semaine dernière, il a fait entrer le fils de mon régisseur dans une compagnie d’assurances… Tenez, c’est lui qui m’a eu des places pour la réception de Norlet à l’Académie… La duchesse de Franclieu n’a pas pu en avoir, elle qui connaît Haussonville et Vogüé depuis leur naissance… Il a la main dans tout, cet homme-là, positivement. Ce matin encore, monsieur de Lurcelles est allé chez le ministre de l’Intérieur avec une recommandation de lui, et il a été reçu… Oui, il est très précieux, notre Marken ; alors, vous comprenez, on n’utilise pas les gens à ce point-là sans se familiariser avec eux.

— Oui, évidemment, dit Jacqueline. Où vont-elles ? Ceci avait trait à madame Steinweg et aux deux marquises qui s’écartaient. Comme font toujours les femmes réunies dans un endroit où on vient pour regarder des objets exposés, le groupe avait piétiné, irrésolu, se débandant, se rejoignant tout à coup, ne voyant pas les vitrines les plus intéressantes, pre-