Page:Vontade - La Lueur sur la cime.pdf/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien, je vais m’habiller et vous me mènerez au Petit Palais.

Le déjeuner était fini depuis longtemps ; elle se leva, André la suivit, et, comme ils entraient dans le salon :

— Cette conversation m’a donné une prodigieuse envie de vous embrasser, dit-il ; ça se fait entre amis, et savez-vous qu’il y a presque trois ans que ça ne m’est arrivé ?

Il l’avait prise à la taille.

— Embrassez-moi, si vous y tenez ! dit-elle, avec un rire un peu nerveux.

Il lui baisa les paupières, puis rapidement les lèvres. Elle se dégagea.

— Est-ce que vraiment on s’embrasse comme ça entre amis ? Au moins, n’en laissez rien Barrois, dit-elle avec un effort de gaieté.

— En ce moment, je ne suis plus très sûr de mon amitié… et vous, Jacquelinette ?… Vos chers yeux sont troubles. Vous aussi, vous venez de vous souvenir.

— Peut-être… oui, je crois que vous avez raison… je me suis souvenue.

— Eh bien ?…

— Eh bien, je vais m’habiller, décidément… C’est très mal, savez-vous, d’être infidèle — même en pensée — à cette pauvre Jeanne d’Audibert.

— Croyez-vous que je lui sois fidèle quand je l’embrasse en pensant à vous ?

— Quelle horreur !

— Pour elle ?…

— Mais non, pour moi !

— Comme vous vous trompez ! On ne peut faire à