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— Moi… Je trouve que vous êtes le seul homme avec qui on puisse vivre, tant vous avez de tact et d’esprit. Je suis parfaitement votre amie.

— Je le sais, chérie. Tout ce qui vient de vous est parfait ; la joie de votre amour l’a été, le regret aussi de l’avoir perdu, et l’étrange plaisir de notre amitié. À aucune époque de notre vie, je ne vous ai, je crois, mieux aimée.

— Et… vous n’êtes pas jaloux, naturellement ?

— Je ne me permets pas de m’interroger là-dessus. De quel droit ?…

— Vous avez dit, un jour, que c’était le droit de l’homme…

— Ai-je dit ça ?… En tout cas, ce ne serait que lorsque l’homme possède la femme, et non lorsqu’il l’a perdue par sa stupidité. Mais… pourquoi ne pas l’avouer, après tout ? Oui, je suis jaloux, car je sais qu’on vous aime, et je vois que ce n’est pas pour vous déplaire. Mais je vous connais si bien ! Vous êtes incapable de vous risquer tout entière dans une petite histoire de flirt. Il faudrait que vous aimiez, et cela…

— Vous croyez que c’est impossible ?

— Non. Mais très improbable. La femme que vous êtes devenue, depuis que la désillusion dont j’ai été cause vous a révélée à vous-même, ne peut aimer qu’un homme assez fort pour être son maître, et résolu à se comporter en esclave… C’est à cela que conduisent les émancipations intellectuelles et sentimentales que préconise Léonora. Or, l’homme qui satisfait à ce programme…

— Oui, vous avez raison, il n’existe pas… Eh