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elle sentait peser sur sa poitrine les saccades de son cœur désordonné. Le souffle écrasé contre sa bouche, il dit :

— Je te veux.

Et elle comprit qu’il lui fallait toute sa force à se défendre. Mais elle restait sûre d’elle-même très complètement ; elle savait bien maintenant que, quoi qu’il advînt, elle le tenait et qu’il serait vaincu. Elle serrait les dents, toute contractée, calme et résolue, suivant avec une lucidité complète les mouvements du tumulte intérieur qui bouleversait Étienne, aux convulsives pressions des mains qui lui tenaient les bras. Ce geste qui broyait était comme une interrogation éperdue qui sollicitait sa faiblesse. Mais elle n’avait point de faiblesse ; elle attendait, sans ridiculisante tentative pour se dégager, l’instant où un seul mouvement efficace suffirait à lui rendre sa liberté d’action. Il lâcha un de ses bras ; preste, sûre de soi, déplaçant un peu sa tête, elle interposa sa main entre leurs bouches. Il la mordit à la paume. Sans violence, mais de toute sa force, elle l’écarta en disant :

— Mon ami… je vous supplie…

Et sa voix suppliait, en effet. Elle était maîtresse de la situation, sans hâte ni colère, désireuse seulement de se tirer avec élégance de l’instant difficile.

Il obéit. Elle fut débarrassée du poids de la poitrine palpitante ; il était debout devant elle, avec un visage bouleversé, tremblant tout entier. Elle se leva aussi, mit les deux mains à ses cheveux dérangés, cherchant des yeux le miroir. Un de ses peignes était tombé ; elle tourna autour de la bergère, l’aperçut à terre, le ramassa, et, tandis que, la taille creusée, les