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que je jette la machine sur ce talus ? Ce serait fini, il n’y aurait rien après.

— Si vous voulez, répondit-elle d’une voix paresseuse.

Elle savait qu’il ne plaisantait pas et que le goût de la mort, aboutissement du désir, était en lui comme il avait été en elle, l’instant précédent.

Barrois vociférait son indignation.

— Oui, oui, nous allons tourner dans un instant, lui cria Marken.

Puis très bas, parlant vite :

— Vous avez dit que vous partiez demain ; c’est impossible ; je ne supporte pas l’idée de ne plus vous voir sans avoir pu vous parler librement. Donnez-moi cette journée… Il n’y a personne à Paris… et puis, qu’importe, il le faut… Dites ?

— Oui, je veux bien, répondit-elle.

– Je vous attendrai à onze heures au coin de l’avenue Marigny et des Champs-Élysées ; nous déjeunerons ensemble quelque part, et nous causerons : j’ai tant besoin de causer avec vous !

— C’est entendu.

Il ralentit l’automobile, vira et reprit le chemin de Paris à toute vitesse.

Ils ne dirent pas une autre parole jusqu’au moment où la voiture s’arrêta devant la porte de Jacqueline.

— Mon cher monsieur, dit Barrois qui était descendu lestement, vous venez de me fournir sur moi-même un renseignement duquel je vous reste fort obligé. Je me croyais en état de détachement philosophique, il n’en est rien. Je suis certainement l’homme le plus attaché à la vie entre tous les hommes qui ont