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une soudaine colère, puis sur un bref : « Asseyez-vous. Restez tranquille, ou je vous emmène », dit par son compagnon, reprenait sa place d’un air vaincu et furieux et se mettait à tourner lentement la tête de droite à gauche, examinant les choses avec un regard qui semblait remonter d’une équivoque profondeur.

Les tziganes arrivaient l’un après l’autre, baillant, l’air ensommeillé et déjà las d’avoir à jouer devant un public si mince.

Jacqueline prit une des roses à longues tiges jetées sur la nappe et la respira. Elle écoutait à demi la conversation, qui s’était fixée, comme le croc d’un navire à l’abordage, sur le mariage Mascrée.

Madame d’Audichamp avait noté toutes les discordances, les détails de pompe ridicule, les affectations de simplicité ; elle raillait d’un air bonasse de la plus sûre cruauté. M. d’Audichamp s’étonnait que son vieil ami le général de Troisbras eût consenti à servir de témoin.

— Je sais bien que c’est un camarade de promotion du père de Mascrée, disait-il, condescendant quoique fâché ; ça ne fait rien, ce n’était pas sa place… Les Troisbras étaient à la première croisade, après tout !… Certainement, on reçoit volontiers madame Steinweg, elle fait bien dans un salon, comme les fleurs… Les jolies femmes, n’est-ce pas ? ça n’a ni patrie, ni religion, ni rien… Mais Steinweg, que diable ! Sa fortune, hein ! on sait d’où elle vient !

— Avez-vous vu les grâces que faisait madame Steinweg aux deux duchesses ? c’était comique, observa madame d’Arlindes.